mardi 27 février 2007

UN ANNIVERSAIRE A MOURIR DE RIRE

L'année qui s'achève doucement a fêté un anniversaire républicain quasiment passé inaperçu.

A côté de celui de Mozart célébré avec tambours et trompettes, pardon avec violons et percussions, celui de Rouget de l'Isle fait pâle figure, pourtant fêté dignement par...La Poste, le hérault des légendes républicaines. Un timbre, que j'ai sous les yeux, fut bien-sûr édité qui représentait Rouget dans sa célèbre attitude peinte par Pils, chantant La Marseillaise.
Comme les occasions de rire se font rares, d'un quinquennat à l'autre, on ne se prive pas : on s'esclaffe ! Le comique de l'affaire est la chose suivante : l'auteur de La Marseillaise n'était pas républicain. Mieux, il était royaliste. Vous avez bien lu...Cela explique peut-être le relatif silence fait autour du personnage. Remercions La Poste tout de même qui, par cette tranche de rire généreusement offerte nous fait un peu oublier le prix sans cesse croissant du timbre postal...
Le Paris de ce 3 septembre 1784 est en liesse: Louis XVI offre à la France les comptoirs du Sénégal et des Antilles. Et dans les salons où l'on parle culture, on se presse pour écouter un jeune officier de Sa Majesté déclamer sa pièce de théâtre Bayard dans Brescia à la gloire de Louis XVI : Rouget de l'Isle, dramaturge et compositeur.
Mais lorsque la Bastille, le symbole de la Tyrannie, tombera par traîtrise le 14 juillet 1789, les sans-culottes vont rapidement être agacé d'entendre ce ci-devant officier célébrer le Tyran... On se débrouillera vite pour le jeter dans un cul de basse fosse, puis on l'en retirera. Et on lui dit que s'il tient à sa gorge pour continuer à parler et chanter, il est nécessaire qu'il change de registre.
Un théorème ou une découverte de physique est difficilement utilisable comme support de propagande, par contre un air de musique l'est. On peut guillotiner les hommes de science qui ne servent à rien aux yeux d'un âne sans-culotte. (Au procès de Lavoisier, l'accusateur-public a lancé : " La République n'a pas besoin de savant !".) Mais les musiciens on les utilise...
Si Rouget ne se livra pas corps et âme à la Révolution, néanmoins son premier souci semblait être de mourir dans son lit et cela pourrait aider à comprendre certaines compromissions...
Le 16 septembre 1791, Louis XVI, déchiré, au nom de l'Assemblée, déclare la guerre au Roi de Bohème. Aussitôt on sollicite le compositeur officiel, lequel s'empresse de composer Le Chant de Guerre de l'Armée du Rhin. Le titre deviendra La Marseillaise car il fut beuglé par toute la lie des bagnes de Toulon et Marseille sous les armes.
Il avait noué toute une correspondance secrète avec un ami royaliste, Frédéric de Dietrich maire de Strasbourg. Hélas, cela finit par se savoir. Le 22 janvier 1793, alors qu'on vient d'assassiner le Roi de France, on s'empresse de trancher le cou du Maire de Strasbourg "coupable d'avoir eu des sympathies pour le Tyran". Et c'est cette sentence de condamnation que l'on s'amuse à répéter à Rouget de l'Isle... qui comprend là encore le message. Très vite, Robespierre aura son Hymne à la Déesse Raison...
Claude-Joseph Rouget de l'Isle mourra bien dans son lit en 1836 après avoir successivement travaillé pour le Roi, pour la Gueuse et pour Napoléon. Sur la fin de ses jours, il avouera "J'ai servi la République, mais j'ai toujours honni les républicains." Celui dont la Révolution ne veut retenir que la légende républicaine, aura composé cinq oeuvres monarchistes :
- Adélaïde de Monville (Roman)
- Bayard dans Brescia (Théâtre)
- Henri de Navarre (Théâtre)
- Dieu conserve le Roy ! (Ode)
- Ode à l'Empereur de Russie
Auteur : bruno7rochet . Afficher cette entrée Ajouter et commenter cette entrée dans votre blog

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