samedi 27 janvier 2007

Rendez vous légitimiste
Arthur de Richemont (comté de Rennes) Jean de Beaumanoir (pays de Rance)
dimanche 18 février 2007
au Collège de La Tour d'Auvergne (Salle de conférence )
6, rue de la Santé –Rennes
parking dans la cour du collège
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Participation libre aux frais

12 h 30 : Déjeuner possible avec le M. le Professeur PICOCHE, notre conférencier
à la crêperie saint Cornely - Place de Bretagne/53, bd de la liberté

14 h 30 : Conférence de Jean Louis PICOCHE
(Agrégé d'espagnol et Docteur es Lettres - Professeur Emerite des Universités)
"L'EPOPEE DES CRISTEROS"
Le Conférencier dédicacera son livre "Cristeros" à l'issue

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Coupon - réponse (repas) (à retourner avant le 13 février 2007
au Cercle Arthur de Richemont FBL BP 10307 35703 Rennes cedex 7
08 71 31 10 40 – cercle.aderichemont@wanadoo.fr)
M., Mme, Mlle ..........................................................................................................................................
Adresse : ...........................................................................................................................................................……...
.....................................................................................................................................................................
CP............................................Ville.............................................................................................................
Tél............................................courriel.......................................................................................................
Participera au déjeuner du 18 février : . . . . . repas x 21 euros = . . . . . . . . . .
Règlement joint à l’inscription ( chèque à l’ordre de : cercle Arthur de Richemont)
Commentaire de la 1ère Lettre de Saint Paul Apôtre aux Corinthiens 12,31-13,1 à 13, [deuxième lecture de ce dimanche] proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.
"Parmi les dons de Dieu, vous cherchez à obtenir ce qu'il y a de meilleur. Eh bien, je vais vous indiquer une voie supérieure à toutes les autres. Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas la charité, je ne suis plus qu'airain qui sonne ou cymbale qui retentit. Quand j'aurais le don de prophétie et que je connaîtrais tous les mystères et toute la science, quand j'aurais la plénitude de la foi, une foi à transporter des montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens en aumônes, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien. La charité est longanime ; la charité est serviable ; elle n'est pas envieuse ; la charité ne fanfaronne pas, ne se gonfle pas ;elle ne fait rien d'inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s'irrite pas, ne tient pas compte du mal ;elle ne se réjouit pas de l'injustice, mais elle met sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout.La charité ne passe jamais. Les prophéties ? elles disparaîtront. Les langues ? elles se tairont. La science ? elle disparaîtra. Car partielle est notre science, partielle aussi notre prophétie. Mais quand viendra ce qui est parfait, ce qui est partiel disparaîtra. Lorsque j'étais enfant, je parlais en enfant, je pensais en enfant, je raisonnais en enfant ; une fois devenu homme, j'ai fait disparaître ce qui était de l'enfant. Car nous voyons, à présent, dans un miroir, en énigme, mais alors ce sera face à face. A présent, je connais d'une manière partielle ; mais alors je connaîtrai comme je suis connu. Maintenant donc demeurent foi, espérance, charité, ces trois choses, mais la plus grande d'entre elles, c'est la charité".© AELF
"Si je n’ai pas la charité". Nous consacrons notre réflexion à la deuxième lecture qui contient un message très important. Il s’agit du célèbre hymne de saint Paul à la charité. "Charité" est le terme religieux signifiant "amour". Il s’agit donc d’un hymne à l’amour, peut-être le plus célèbre et le plus sublime ayant jamais été écrit. Lorsque le christianisme apparut sur la scène du monde, divers auteurs avaient déjà chanté l’amour. Le plus célèbre était Platon qui avait écrit un traité entier sur ce thème. Le nom commun de l’amour était alors eros (d’où viennent nos termes "érotique" et "érotisme"). Le christianisme sentit que cet amour passionnel de recherche et de désir ne suffisait pas pour exprimer la nouveauté du concept biblique. Il évita donc complètement le terme eros et le remplaça par celui de agape, qui devrait se traduire par "amour spirituel" ou par "charité", si ce terme n’avait pas désormais acquis un sens trop restreint (faire la charité, œuvre de charité). La principale différence entre les deux amours est la suivante : l’amour de désir, ou érotique, est exclusif ; il se consume entre deux personnes ; l’ingérence d’une troisième personne signifierait sa fin, la trahison. Parfois l’arrivée même d’un enfant parvient à mettre en crise ce type d’amour. L’amour de don, ou agape embrasse en revanche toute personne, il n’en exclut aucune, pas même l’ennemi. La formule classique du premier amour est celle que nous entendons sur les lèvres de Violetta dans la Traviata de Verdi : "Aime-moi Alfredo, aime-moi autant que je t’aime". La formule classique de la charité est celle de Jésus qui dit : "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés". Il s’agit d’un amour fait pour circuler, pour se diffuser.Il existe une autre différence : l’amour érotique, dans sa forme la plus typique qui est l’état amoureux, ne dure pas, de par sa nature, ou ne dure qu’en changeant d’objet, c’est-à-dire en tombant successivement amoureux de différentes personnes. Saint Paul dit en revanche que la charité "demeure", que c’est même la seule chose qui demeure éternellement, et qui demeurera même lorsque la foi et l’espérance auront disparu. Entre ces deux amours – celui de recherche et de don – il n’existe toutefois pas de séparation nette et d’opposition, mais plutôt un développement, une croissance. Le premier, l’eros est pour nous le point de départ, le deuxième, la charité est le point d’arrivée. Entre les deux existe tout un espace pour une éducation à l’amour et pour grandir dans l’amour. Prenons le cas le plus commun qui est l’amour du couple. Dans l’amour entre deux époux, au début dominera l’eros, l’attrait, le désir réciproque, la conquête de l’autre, et donc un certain égoïsme. Si, chemin faisant, cet amour ne s’efforce pas de s’enrichir d’une dimension nouvelle, faite de gratuité, de tendresse réciproque, de capacité à s’oublier pour l’autre et se projeter dans les enfants, nous savons tous comment il se terminera. Le message de Paul est d’une grande actualité. L’ensemble du monde du spectacle et de la publicité semble s’être aujourd’hui engagé à enseigner aux jeunes que l’amour se réduit à l’eros et l’eros au sexe ; que la vie est une idylle permanente, dans un monde où tout est beau, jeune, sain, où la vieillesse et la maladie n’existent pas, et où tous peuvent dépenser autant qu’ils le désirent. Mais ceci est un mensonge colossal qui génère des attentes disproportionnées qui, déçues, provoquent des frustrations, des rébellions contre la famille et la société et ouvrent souvent la voie au crime. La parole de Dieu nous aide à faire en sorte que le sens critique ne s’éteigne pas complètement chez les personnes, face à ce qui leur est servi quotidiennement.
ROME, Vendredi 26 janvier 2007 (ZENIT.org)

Prétendant légitime

Qui de Luis Alfonso de Borbon y Martinez Bordiu et/ou deCharles-Philippe d'Orléans ?
Le «Groupement universitaire pour l'étude des institutions publiques de la Monarchie française» est une association apolitique qui regroupe, autour de l'objet défini par son intitulé, et dans une perspective scientifique, des universitaires, Professeurs et Maîtres de conférences des Universités, notamment des Facultés de Droit ou des Lettres, ainsi que des historiens, des juristes, des étudiants et des personnes intéressées par l'histoire des Institutions. Le Groupement a appris qu'Henri d'Orléans, « Comte de Paris », avait déclaré conférer à son neveu, Charles Philippe d'Orléans, « grand maître de l'Ordre de Saint-Lazare de Jérusalem » le titre et les armes de duc d'Anjou lors d'une cérémonie en date du 8 décembre 2004 (Point de Vue Images du Monde, No 2943, le 15 décembre 2004 ; L'Action Française 2000, No 2667, 16 décembre 2004).
Ce fait divers appelle plusieurs remarques :
- Contrairement à ce qu'il prétend par cet acte, le « Comte de Paris » n'est pas le chef de la Maison de France, tout au moins au point de vue du droit dynastique français tel qu'il est enseigné dans les Facultés de droit. En effet, la couronne de France étant indisponible, le chef de la Maison de France, ou de Bourbon est toujours l'aîné généalogique des Capétiens. A l'heure actuelle celui-ci est Louis, duc d'Anjou et de Bourbon (Louis XX).
- Selon les lois fondamentales, la dévolution de la couronne ne peut être modifiée ni par des dispositions du Roi ou de son héritier portant abdication, renonciation ou adjonction de successibles ni par le fait pour un prince de naître ou de vivre à l'étranger. Cette loi d'indisponibilité de la couronne a notamment été affirmée lorsque Jeanne d'Arc fit échouer le projet de substituer le Roi d'Angleterre à l'héritier légitime, Charles, futur Charles VII.
- N'étant pas chef de la Maison de France, le « Comte de Paris » ne peut, dès lors, conférer des titres à quiconque, fût-ce aux membres de sa famille.
- Vainement prétendrait-on que le « Comte de Paris » peut tout de même conférer des titres en sa qualité de descendant de Louis-Philippe, roi (usurpateur) des Français. De toute manière, de tels titres seraient irréguliers par rapport au chef de la Maison, et donc dénués de valeur au regard du droit monarchique traditionnel. A ce sujet, le Groupement attire l'attention sur l'irrégularité de l'ensemble des titres conférés aux membres de la branche d'Orléans depuis la fin de la Restauration. Cela est vrai même lorsqu'il s'agit de titres appartenant à la branche cadette, car le chef de ladite branche n'est pas fondé à en faire la distribution. Par rapport à la tradition monarchique, le statut de ces titres est, au mieux, celui de pseudonymes.
- En particulier, les titres de «duc de France» et «comte de Paris» étaient portés, avant l'avènement d'Hugues Capet, par des princes robertiens. La branche d'Orléans a prétendu les reprendre dans un désir de se rattacher à cette ancienne période. Mais ces velléités ne sauraient faire revivre des titres éteints qui, de toute manière, ne pourraient appartenir qu'à l'aîné.
- Quant au titre de duc d'Anjou, il est déjà porté par le chef de Maison lui-même, en complément du titre de duc de Bourbon. L'on sait qu'il s'agit là d'une simple convention pour désigner, sous la République, celui qui est de jure le roi de France.
- Le chef de maison a la disposition de tous les titres non attribués de sa famille et il peut choisir celui qu'il veut. En l'occurrence, le prince Louis, comme plusieurs de ses prédécesseurs, a voulu rappeler le souvenir de l'ancêtre de qui il tient ses droits. Le fait que cet apanage d'Anjou ait fait retour à la couronne de France lors de l'accession du petit-fils de Louis XIV au trône d'Espagne et qu'il ait depuis été conféré, pour des durées brèves, à d'autres princes, ne pouvait empêcher le chef de maison de relever ce titre, redevenu vacant, si telle est sa volonté.
- En revanche, le « Comte de Paris » n'avait pas la disposition du titre de duc d'Anjou. Il lui était donc impossible de le réattribuer.
- Le discours du dit « Comte de Paris » reproduit par le journal « l'Action Française 2000 » comporte une omission lourde d'arrière-pensées : retraçant l'histoire des princes gratifiés du titre de duc d'Anjou, il oublie celui qui allait devenir Philippe V d'Espagne… (il est vrai que nombres d'arbres généalogiques omettent, contre tout sérieux historique, la mention de Philippe V et de sa descendance, avançant ainsi le rang des cadets).
- « Point de Vue » mentionne la présence de la « Comtesse de Paris ». S'agissant de la conjointe civile du « Comte de Paris », une telle appellation est, en soi, une violation du droit monarchique, fondé sur le catholicisme, étant donné que la première épouse est vivante ; il y a là un alignement notable sur le droit républicain qui admet le remariage après le divorce.
- Le récipiendaire du « duché orléaniste d'Anjou » ainsi créé en 2004 est mentionné comme « grand maître de l'ordre de Saint-Lazare ». Sans prétendre épuiser un sujet qui a déjà fait couler beaucoup d'encre, le Groupement se bornera à rappeler que cet « ordre » n'est pas reconnu par le Saint-Siège, et que le chef de la Maison de France ne le considère pas comme la continuation de l'ancien Ordre de Saint-Lazare et Notre-Dame du Mont-Carmel qui existait avant 1830 et avait pour protecteur le Roi de France. Fait à Paris, le 20 décembre 2004.
Pour le Groupement universitaire pour l'étude des institutions publiques de la Monarchie française.
Le Président Franck BOUSCAU, Professeur des Facultés de Droit
Patrick ESCLAFER de La Rode, fondateur de l'Institut de la Maison de Bourbon

Quel royalisme pour aujourd'hui ?

Si nous voulons être lucides dans notre pensée, crédibles dans nos propos et assurés dans notre démarche, il nous faut nous souvenir des plus néfastes des sensibilités et des conceptions du royalisme avant de bâtir sur le roc de la saine tradition. Celle-ci ne s’est jamais inscrite dans une rupture avec le monde et ses réalités. Pragmatique, tout en se gardant des accommodements opportunistes du droit, elle ne s’est pas non plus érigée en dogme intangible. Elle a su évoluer avec vigueur, sagesse et harmonie, à distance des modes éphémères et des doctrines de la démesure.
Pouvons-nous nous complaire dans un royalisme anachronique et empreint de nostalgie, préoccupé de noblesse factice ou authentique, de titres et de privilèges héréditaires, d’un ordre social ayant perdu fondement et utilité ? Les Français ont raisonnablement aboli cet ordre et ne souhaitent très certainement pas qu’on le restaure. Rêver à son rétablissement donnerait une image bien frivole et dérisoire du royalisme. Les meilleurs de nos rois ont été les nécessaires et utiles adversaires des superbes et des trop puissants. Quand il en était besoin, ils savaient rappeler les nobles à leur mission primitive de service et faire barrage à la vanité, à la fatuité et à l’ambition égoïste de trop d’entre eux.
Pouvons-nous être les adeptes d’un royalisme un peu mystique, baignant dans un imaginaire chrétien hérité d’un autre âge, où le prince, censé détenir et exercer une fonction sacerdotale, serait perçu comme étrange et inquiétant par nos contemporains, au risque de les rebuter? On entend parfois ce royalisme professer un curieux " principe de catholicité " auquel il aimerait voir adhérer le prétendant, son héritier ou tel substitut à sa convenance, et dont, par hypothèse, il voudrait faire une règle de gouvernement et pas seulement une question de choix privé. Qui peut croire qu’une telle conception siérait à la France d’aujourd’hui et la servirait vraiment en marginalisant nombre d’honorables citoyens?
Pouvons-nous rejoindre ce singulier royalisme qui se réclame d’une " monarchie traditionnelle " ? Cette dénomination signifie qu’il confond son espérance avec une idéologie extrémiste, totalitaire, intolérante et prônant l’exclusion, idéologie fréquemment associée à une religiosité figée dans le passé, cela au nom d’une pureté originelle mythique. Ce royalisme conduirait immanquablement à distordre et à dévoyer les valeurs spirituelles et nationales qu’il prétend défendre.
Pouvons-nous nous laisser séduire par le royalisme dit "légitimiste"? Ses pseudo-justifications historiques et juridiques ne sont qu’un artifice recouvrant une réalité dont on finira bien par discerner la vraie nature et les véritables enjeux et desseins. En s’inscrivant dans une coutume séculaire de contestation du seul authentique prince légitime de France, ce royalisme est allé chercher son champion outre Pyrénées, dans une lignée d’origine française. Depuis bientôt trois siècles, cette lignée a constamment servi et continue de servir un autre pays et elle ne se soucia guère du sort de Louis XVI et pas du tout de celui du malheureux petit Louis XVII quand elle l’aurait pu. Nos régimes successifs, dont notre République, ont toujours considéré cette lignée comme étrangère, ne la frappant notamment par aucune loi d’exil qui lui aurait imposé et lui imposerait encore de résider hors de nos frontières. En une thèse spécieuse, ce royalisme-là étaie néanmoins son interprétation du droit dynastique de la nullité supposée des renonciations consenties en 1713 par le roi Philippe V d’Espagne, lors des traités d’Utrecht, et du titre d’" Aîné des Bourbons " qu’il décerne à son prince actuel. En vertu de ce " droit ", il suffirait donc à ce prince, sans autre obligation nationale élémentaire, d’être le premier parmi les descendants de Louis XIV pour que, le cas échéant, notre pays soit contraint de l’accepter à sa tête…
Si la question royale devenait réellement un jour leur préoccupation ardente et urgente, les Français n’accepteraient probablement pas qu’on les humilie ainsi indéfiniment !
Quel qu’en puisse être le degré de lucidité et de sincérité, aucune de ces expressions du royalisme ne paraît vraiment en rapport avec le réel. Aucune ne répond aux difficultés présentes de la France, à ses besoins et à ses attentes. Aucune n’est compatible avec le legs prestigieux et exemplaire de son histoire.
Mais il existe un royalisme vivant, un " royalisme de raison ", capable de faire redécouvrir aux Français ce qui fut le révélateur et le stimulant de la grandeur de leur nation comblée de dons et généreuse. Ce royalisme est fondé sur ce qui a fait la force du principe capétien, plongeant les racines de sa légitimité dans l’assentiment populaire et y puisant la justification et le soutien de sa détermination. Ce principe est animé par la clairvoyance et le sens inné de l’État que donne le recul du temps. Il se montre garant du bien commun, voué au service de tous, soucieux de juste équilibre, pourfendeur de féodalités, enfin et surtout symbole de justice. C’est à ce principe-là qu’il convient de demeurer attachés. Il est aujourd’hui incarné par Henri VII, comte de Paris, duc de France, et par nul autre. Sa lignée a été reconnue par Henri V, comte de Chambord, dernier représentant français de la branche aînée des Bourbons et elle n’a jamais servi d’autre pays que le nôtre, lui offrant son sang quand il le fallait. Après le prince Henri, viendra Jean, duc de Vendôme, investi de la dignité de Dauphin. L’un et l’autre sont les authentiques et incontestables dépositaires et répondants de notre tradition royale. Ils sont les vrais représentants de notre dynastie nationale. Vers eux seuls doit aller l’indéfectible fidélité des royalistes ainsi que la déférence des Français éclairés, donc respectueux et fiers du passé de leur terre ancestrale ou d’adoption.
Docteur Gabriel Martinez-Vidal

Catholique et Français "toujours" ?

Fin connaisseur de la réalité catholique en France, le jésuite Henri Madelin, ancien rédacteur en chef de la revue Études, membre de l'Office catholique pour l'information et l'initiative sur les problèmes européens (OCIPE), commente les résultats du sondage publié hier par Le Monde des Religions… Au vu des chiffres, les Français ne sont plus que 51 % à se déclarer catholiques… nous pourrions dire que la France n’est plus catholique. Cependant, je me souviens de cette phrase de Sartre, après la guerre, affirmant que « nous sommes tous catholiques ». Elle nous permet de sortir de l'ambiguïté de ce sondage. Parle-t-on d'une appartenance culturelle - alors la France est encore majoritairement catholique - ou d'une adhésion croyante à la foi ? Dans ce dernier cas, les chiffres sont inquiétants. Ils expriment une vraie dégringolade et la formule de Sartre devient moins évidente. La sociologue Danièle Hervieu-Léger parle d'une «exculturation» des valeurs de l'Église : les grands repères de la vie sont traversés par une pluralité d'approches culturelles. Nous le constatons par exemple avec l'homoparentalité ou la question du genre masculin et féminin. Toutes les valeurs qui ont porté la France, qui dépassaient l'appartenance religieuse et que la société entière s'était appropriée, sont aujourd'hui attaquées. Si nous continuons sur ce chemin, la foi catholique pratiquée va devenir une contre-culture et, sans doute, si l'on considère les catholiques qui mettent en pratique leur foi, peut-on parler d'une culture de minorité ? Cela me peine pour l'Europe et pour le catholicisme. Le nombre d'enfants catéchisés est tombé à un niveau très bas en France. Ce point, absent du sondage et sur lequel l'Église jette un voile pudique, est pourtant crucial. Il explique pourquoi, alors que nous en sommes à la deuxième génération non catéchisée, les catholiques français n'adhèrent pas aux dogmes. Ils ne les connaissent tout simplement plus ! Comme l'affirme la sociologue britannique Grace Davie, les catholiques européens sont désormais dans une logique de « believing without belonging », de croyance sans volonté d'appartenance. Quand à la bonne opinion de Benoît XVI qui ressort du sondage, elle est caractéristique des « catholiques culturels ». Le Pape défend des valeurs en lesquelles ils croient : humanitaires, humanistes... Il récolte aussi les fruits de la papauté précédente. Mais dans un monde menacé de choc civilisationnel, Benoît XVI est aussi considéré comme un rempart contre des forces comme l'islam.
Pourtant, Dieu accomplit de grandes choses chez ceux qui sont ouverts à sa grâce. Il répand la semence dans un terrain stérile et le convertit en un champ mûr pour la moisson. Il sème la plus petite des grâces dans la poussière et là surgit un arbrisseau dans lequel viennent se nicher les oiseaux du ciel. Nous voudrions souvent porter du fruit sans avoir à peiner pour labourer la terre, ni à aider la croissance par des efforts et des sacrifices constants. Nous en voyons d’autres qui semblent obtenir facilement le succès dans la vie spirituelle. « Le véritable amour comprend le sacrifice, » a dit le Pape Jean Paul II aux jeunes Américains lors de son premier voyage dans leur pays. « Je faillirais à ma mission si je ne vous le disais pas. » Dieu a permis à la Bienheureuse Mère Teresa de Calcutta de vivre une nuit spirituelle intense, les dernières cinquante années de sa vie. Elle pensait que Dieu ne l’aimait pas, que son travail était inutile. Et pourtant, comme elle a su allumer les feux de l’amour dans tant d’âmes ! L’Eglise nous invite maintenant à regarder la véritable sainteté de sa vie. Durant le cours de sa vie, beaucoup ont pensé que c’était facile pour elle de se dévouer ainsi, parce qu’elle aimait tellement Dieu. Or, ce n’était pas facile. Dieu n’a pas rendu son œuvre facile. Il a trouvé un terrain fertile et il a travaillé dans ce terrain. Et il a donné beaucoup de fruit. Ayons confiance. Dieu poursuit son œuvre dans nos âmes. Le travail pénible et patient que nous faisons chaque jour pour orienter nôtre cœur vers Dieu et semer la Bonne Nouvelle autour de nous produira des fruits.
Ceci nous amène à considérer combien la grâce de Dieu est merveilleusement fructueuse. Elle change et transforme ce que l’homme considère comme rebuts en des œuvres magnifiques, bien au-delà de ce que la nature peut produire. Encore aujourd’hui, Dieu accomplit des choses qui dépassent de loin le passage de la Mer Rouge, en ramenant des pécheurs à la vie par le sacrement de réconciliation. La venue de Dieu sur le mont Sinaï pour donner la loi à Moïse est dépassée de loin, par sa venue dans les mains du prêtre à la Messe et dans le cœur de chacun à la communion. Malheureusement, nous oublions parfois ses merveilles, pour retourner à notre petit monde, désirant des signes plus évidents de sa présence. Peut-il y avoir quelque chose de plus grand que sa Présence Réelle dans le Saint Sacrement ?
Le Christ se rend présent parmi nous de plusieurs façons. Il continue d’être présent par le ministère sacerdotal d’une manière unique et réelle. C’est seulement parce qu’il y a des prêtres que nous pouvons recevoir l’Eucharistie. Sans la prêtrise, il n’y a pas d’Eglise. Dieu prend le limon de la nature humaine et la petitesse d’un individu, et, par l’ordination, il le rend capable d’agir en sa Personne. Ainsi, le prêtre a reçu le don sublime qui le fait participer du sacerdoce du Christ. Il partage sa dignité et transporte en lui, dans ses mains d’argile, un trésor. Le sacerdoce est le don du Christ à l’Eglise. C’est le signe de son inépuisable amour pour l’Eglise et pour les hommes. Prions donc comme hier : "Seigneur, donnez nous des prêtres... Seigneur donnez nous de saints prêtres... pour que Votre Volonté soit faîte sur terre comme aux Cieux"

Testament de Louis XVI

C’était en France il y a deux cent quatorze ans, le 21 janvier 1793 ; un chef d’État chrétien meurt sur l’échafaud, victime de la justice révolutionnaire. In memoriam, son testament.
« AU NOM DE LA TRES SAINTE TRINITE, du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Aujourd'hui vingt-cinquième de décembre mil sept cent quatre-vingt-douze.
Moi, Louis, XVIe du nom, Roi de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la Tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant avec ma famille. De plus impliqué dans un Procès dont il est impossible de prévoir l'issue à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune loi existante, n'ayant que Dieu pour témoin de mes pensées, et auquel je puisse m'adresser. Je déclare ici en sa présence, mes dernières volontés et mes sentiments.
Je laisse mon âme à Dieu mon créateur, et je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d'après ses mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus-Christ qui s'est offert en sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres hommes, quelque indignes que nous en fussions, et moi le premier.
Je meurs dans l'union de notre Sainte Mère l'Église Catholique, Apostolique et Romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de Saint Pierre auquel Jésus-Christ les avait confiés. Je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l'Église, les Sacrements et les Mystères tels que l'Église Catholique les enseigne et les a toujours enseignés. Je n'ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d'expliquer les dogmes qui déchirent l'Église de Jésus-Christ, mais je m'en suis rapporté et rapporterai toujours, si Dieu m'accorde vie, aux décisions que les supérieurs Ecclésiastiques unis à la Sainte Église Catholique, donnent et donneront conformément à la discipline de l'Église suivie depuis Jésus-Christ.
Je plains de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans l'erreur, mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en Jésus-Christ suivant ce que la charité Chrétienne nous l'enseigne. Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés, j'ai cherché à les connaître scrupuleusement, à les détester et à m'humilier en sa présence, ne pouvant me servir du Ministère d'un Prêtre Catholique. Je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite, et surtout le repentir profond que j'ai d'avoir mis mon nom, (quoique cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l'Église Catholique à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de cœur. Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis, s'il m'accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du Ministère d'un Prêtre Catholique, pour m'accuser de tous mes péchés, et recevoir le Sacrement de Pénitence.
Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d'avoir fait sciemment aucune offense à personne), ou à ceux à qui j'aurais pu avoir donné de mauvais exemples ou des scandales, de me pardonner le mal qu'ils croient que je peux leur avoir fait. Je prie tous ceux qui ont de la Charité d'unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.
Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle mal entendu, m'ont fait beaucoup de mal.
Je recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma Sœur, mes Tantes, mes Frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang, ou par quelque autre manière que ce puisse être.
Je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce s'ils viennent à me perdre, et tant qu'ils resteront dans ce monde périssable.
Je recommande mes enfants à ma femme, je n'ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour eux ; je lui recommande surtout d'en faire de bons Chrétiens et d'honnêtes hommes, de leur faire regarder les grandeurs de ce monde ci (s'ils sont condamnés à les éprouver) que comme des biens dangereux et périssables, et de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l'Éternité. Je prie ma sœur de vouloir bien continuer sa tendresse à mes enfants, et de leur tenir lieu de mère, s'ils avaient le malheur de perdre la leur.
Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu'elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrais lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être sûr que je ne garde rien contre elle si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher.
Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu'ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère, et reconnaissants de tous les soins et les peines qu'elle se donne pour eux, et en mémoire de moi. Je les prie de regarder ma sœur comme une seconde mère.
Je recommande à mon fils, s'il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu'il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu'il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j'éprouve. Qu'il ne peut faire le bonheur des Peuples qu'en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu'un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu'autant qu'il a l'autorité nécessaire, et qu'autrement, étant lié dans ses opérations et n'inspirant point de respect, il est plus nuisible qu'utile. Je recommande à mon fils d'avoir soin de toutes les personnes qui m'étaient attachées, autant que les circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer que c'est une dette sacrée que j'ai contractée envers les enfants ou les parents de ceux qui ont péri pour moi, et ensuite de ceux qui sont malheureux pour moi. Je sais qu'il y a plusieurs personnes de celles qui m'étaient attachées, qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devaient, et qui ont même montré de l'ingratitude, mais je leur pardonne, (souvent, dans les moments de troubles et d'effervescence, on n'est pas le maître de soi) et je prie mon fils, s'il en trouve l'occasion, de ne songer qu'à leur malheur.
Je voudrais pouvoir témoigner ici ma reconnaissance à ceux qui m'ont montré un véritable attachement et désintéressé. D'un côté si j'étais sensiblement touché de l'ingratitude et de la déloyauté de gens à qui je n'avais jamais témoigné que des bontés, à eux et à leurs parents ou amis, de l'autre, j'ai eu de la consolation à voir l'attachement et l'intérêt gratuit que beaucoup de personnes m'ont montrés. Je les prie d'en recevoir tous mes remerciements ; dans la situation où sont encore les choses, je craindrais de les compromettre si je parlais plus explicitement, mais je recommande spécialement à mon fils de chercher les occasions de pouvoir les reconnaître.
Je croirais calomnier cependant les sentiments de la Nation, si je ne recommandais ouvertement à mon fils MM. de Chamilly et Hue, que leur véritable attachement pour moi avait portés à s'enfermer avec moi dans ce triste séjour, et qui ont pensé en être les malheureuses victimes.
Je lui recommande aussi Cléry des soins duquel j'ai eu tout lieu de me louer depuis qu'il est avec moi. Comme c'est lui qui est resté avec moi jusqu'à la fin, je prie MM. de la Commune de lui remettre mes hardes, mes livres, ma montre, ma bourse, et les autres petits effets qui ont été déposés au Conseil de la Commune.
Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardaient, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi.
J'ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes, que celles-là jouissent dans leur cœur de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser.
Je prie MM. de Malesherbes, Tronchet et de Sèze, de recevoir ici tous mes remerciements et l'expression de ma sensibilité pour tous les soins et les peines qu'ils se sont donnés pour moi.
Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant Lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi. »
Fait double à la Tour du Temple le 25 décembre 1792.
Louis
Document
Pour en savoir plus : ■ Louis XVI, de Jean-Christian Petitfils, Ed. Perrin 2005, 1114 p.

vendredi 26 janvier 2007

Le mot retenu de la semaine

Il est de Michel Delpech, en date du 10/01/2007 :
...à propos de l'Eglise :
"Ceux qui la servent ne sont pas toujours des gens bien, mais c'est une institution vierge, inviolable."
(et c’est dans Libération)

UNE CHARTE POUR L'ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE

- La tâche de l’école catholique est aussi (et même surtout) de faire connaître Jésus-Christ aux enfants,
- l’évangélisation des enfants est en priorité la responsabilité de leurs parents,
- donc la pastorale familiale est la priorité dans un diocèse,
- et quoi qu’il en soit, dans tous les domaines, à temps ou à contretemps, « malheur à moi si je ne fais pas connaître l’évangile »…
…a expliqué hier Mgr Jean-Pierre Cattenoz, au cours d’un entretien rediffusé par la chaîne KTO. Ce langage de clarté et de netteté est celui de l’archevêque d’Avignon dans toutes les circonstances.
Il a notamment publié le 15 janvier un livre intitulé UNE CHARTE POUR L'ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE DANS LE DIOCÈSE D'AVIGNON (éd. Parole et Silence), qu’il présente en ces termes : « Ayant reçu comme évêque, successeur des apôtres, la charge de l'Église qui est en Avignon, je ne peux rester indifférent à la situation présente de l'Enseignement catholique. L'enjeu est formidable, essentiel pour notre Église d'aujourd'hui et de demain. Au terme de plus de trois ans de réflexion sur l'état de l'Enseignement catholique dans le diocèse, il m'a semblé important de promulguer une charte diocésaine qui montre le chemin dans lequel nous devrons avancer dans les années qui viennent. Je ne souhaite qu'une seule chose : permettre aux jeunes qui sont présents dans les établissements catholiques de pouvoir découvrir et rencontrer Celui qui seul pourra donner sens à leur vie, Celui qui ne cesse de nous redire : " Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie " (Jn 14, 6). »
Ce chantier – recatholiciser l’école catholique ! – demande du courage, et l’on en félicite Mgr Cattenoz. En effet, la crise de l’enseignement public pousse de très nombreux parents incroyants à mettre leurs enfants à l’école privée. Ce n’est pas pour des motifs religieux : « De bonnes études mais pas de prosélytisme », exigent ces parents. Dans leur langage, prosélytisme veut dire instruction religieuse. Des écoles « catholiques », s’ajustant à cette demande pour profiter de la tendance, ont donc estompé leur caractère propre ; elles ont recruté des enseignants qui, à leur tour, souhaitent balayer la religion sous le tapis.
D’où l’appel de Mgr Cattenoz à se réveiller et à se ressaisir.
Avec des nuances, bien entendu : il ne s’agit pas de faire du « prosélytisme » abusif, ni d’imposer partout un même modèle pédagogique, souligne-t-il. Mais l’école catholique doit se souvenir de ce qu’elle est.
Ajoutons cette question : si l'école chrétienne ne propose pas la connaissance du christianisme, pourquoi les diocèses devraient-ils la soutenir ?

P.s. L'affadissement de certaines écoles s'appuie sur l'hostilité croissante de la classe politique envers le christianisme dans l'enseignement. Il y a là une complication, qui risque de se renforcer lors de la prochaine législature - quelle que soit sa couleur.

En prolongement d'un début de controverse occasionné à l'automne dernier autour de la mission spécifique de l'enseignement catholique, la parution en ce début d'année 2007 de l'ouvrage de Mgr Jean-Pierre Cattenoz (1) permet d'approfondir sereinement mais de manière très pertinente les termes du débat amorcé alors. Au travers d'une relecture des Evangiles, de l'événement central de la Pentecôte et des Actes des Apôtres, l'archevêque d'Avignon nous permet de mieux saisir les fondements et les enjeux de cette évangélisation de la jeunesse en ce début du XXI° siècle. Dans notre société désormais postchrétienne (l'enquête récente du CSA sur la foi des cathos nous l'a démontré avec éclat), la foi n'est ni vécue, ni transmise depuis 2 ou 3 générations chez la très grande majorité de nos concitoyens, hormis sans doute une vague culture déiste et humaniste, pétrie de relativisme religieux et de questionnement existentiel.
Depuis toujours, la première mission de l'Eglise est - non d'abord de développer et d'incarner des valeurs évangéliques (ce qui reste cependant essentiel en terme de fruit de sa foi et de sa mission) - mais bien de conduire de manière explicite hommes et femmes à la rencontre vivante et transformante du Christ, Sauveur et Seigneur, de mener à la conversion par la foi comme l'ont souligné avec tant de constance depuis plus de 40 ans les papes Paul VI, Jean Paul II et Benoît XVI.
Après plus de 1500 ans de quasi-chrétienté en France (et en Europe), les chrétiens ont oublié le sens et la pratique de cette première évangélisation; en effet, la mission de l'Eglise durant des siècles fut d'entretenir et de nourrir la foi d'une société traditionnellement chrétienne, oubliant bien souvent le processus évangélisateur qui conduit à la conversion elle-même. Mgr Cattenoz reprend à son compte les propos du cardinal Danneels lors du congrès sur la Nouvelle Évangélisation à Paris en 2004 : « actuellement, il y a une inflation de catéchèse comme si on voulait canaliser une énergie avant même qu'elle soit suscitée, et un manque important de kérygme ; on agit trop souvent comme si la déflagration de conversion avait eu lieu ».
L'archevêque d'Avignon constate ainsi que « l'Église occidentale est sans doute aujourd'hui un géant catéchétique et un nain kérygmatique, expliquant en cela le peu de fruits apostoliques de nos pastorales ». D'où la priorité pastorale - si chère à Jean-Paul II durant 20 ans - de réapprendre « à témoigner, à toucher le cœur des hommes et à identifier clairement la source de leur bonheur, afin que s'opère - selon la grâce - le big-bang initial de la conversion qui change la vie, dégage une énergie essentielle, une véritable déflagration intérieure, à partir duquel s'enracine et se construit depuis toujours la vie chrétienne convaincue et authentique ».
S'inscrivant résolument dans la pédagogie divine révélée dans les Actes des Apôtres et la vie des premières communautés chrétiennes - confrontées, elles aussi, à des sociétés paganisées et soumises à « tout vent de doctrine » (St Paul) - l'Eglise est appelée à respecter davantage le processus des 3 grandes étapes de découverte de la foi :
- la première évangélisation qui conduit au retournement du cœur et à la rencontre bouleversante de l'amour de Jésus-Christ, au désir personnel de le choisir comme Seigneur et de l'accueillir comme Sauveur
- l'apprentissage et l'intelligence de la foi en suivant la catéchèse proposée par l'Eglise, la gestation de la vie chrétienne en apprenant peu à peu à mettre sa vie en conformité avec l'Evangile
- l'enfantement à la vie de disciple et de chrétien à part entière au travers de la vie sacramentelle qui conduit à participer pleinement à la communauté ecclésiale et à sa mission.
Bien au-delà du cadre de l'enseignement catholique et de la pastorale du diocèse d'Avignon, c'est à une réflexion essentielle sur le sens et le processus de l'évangélisation en ce monde occidental du début de XXI° siècle auquel nous invite ici l'archevêque d'Avignon. Elle s'inscrit en droite ligne avec la pensée de Jean-Paul II et rentre en écho avec l'expérience très riche et diversifiée du renouveau missionnaire des paroisses, des mouvements, des communautés nouvelles ou anciennes constaté en France ou ailleurs depuis 40 ans. Puisse cette précieuse réflexion alimenter un débat essentiel pour le devenir et la mission de l'Eglise, particulièrement auprès de la jeunesse.
Alex et Maud LAURIOT PREVOST
(1) « Une charte pour l'enseignement catholique dan le diocèse d'Avignon » - Editions Parole et Silence


Rayonnement culturel de la Monarchie aujourd'hui

Comment oublier que la plupart des grands édifices artistiques et culturels qui font, aujourd'hui encore, le renom de la France, ont été créés, protégés et encouragés par nos rois ? Et, alors que la langue française est en pleine déconfiture, comment n'avoir pas le cœur serré en évoquant ce XVIIIe siècle où, culturellement, l'Europe était française et où les élites parlaient la langue de nos classiques du Rhin à l'Oural ? Trente-six rois capétiens en huit cents ans. Trente de plus de Clovis à Hugues Capet. Quatre encore, si l'on remonte au légendaire Pharamond... Au regard de la continuité profonde des trois races royales françaises, ce n'est pas des "quarante rois qui en mille ans..." qu'il faudrait parler, mais des "soixante-dix rois qui, en quinze siècles" ont, sinon fait la France, au pied de la lettre, du moins étroitement façonné notre pays, dans sa géographie, sa langue, sa religion, ses arts, ses mœurs, sa politique au sens le plus noble du terme... L'héritage de la Monarchie appartient ainsi, indivisément, à tous les Français
La mémoire nationale est en crise. Au moins est-il urgent, sauf à se dissoudre et à disparaître - hypothèse qui n'a rien d'absurde au regard de plusieurs indices, notamment démographiques - qu'ils prennent une vraie conscience de ce qu'ils sont dans la longue durée et qu'ils partagent en commun le miracle singulier de leur histoire nationale. Sans le sentiment aigu d'un passé commun, les Français manqueront leur avenir.
Ce qu’est la monarchie

PROGRAMME SOCIAL ET POLITIQUE
par
Dom Jean Martial Besse *


Toute nation est un corps social organisé. Il est soumis à des lois qui assurent la conservation de ses énergies et leur fonctionnement dans l'harmonie et la paix. La science politique a pour objet la recherche et la connaissance de ces lois ; l'art politique consiste à les appliquer à l'organisation d'un État déterminé.
La science politique s'acquiert par la méthode d'observation. Il y a deux sortes d'observations nécessaires : les unes se font dans des nations diverses et permettent de découvrir les lois générales, qui se trouvent partout ; les autres se font dans une nation déterminée. Ce sera la France pour nous.
Comme la nation est une unité sociale qui se prolonge dans le temps, l'observateur doit embrasser l'ensemble de son existence. Le passé éclaire le présent. La connaissance de l'un et de l'autre permet d'entrevoir l'avenir possible et. par conséquent, de le préparer.
Pour arriver à des conclusions certaines, il faut classer d'après leur nature les phénomènes observés. Les lois politiques et sociales découlent de ces conclusions. Quelques unes régissent les rapports que les groupes sociaux ont avec leurs membres et entre eux. L'application s'en fait dans les institutions sociales. L'ensemble de ces institutions forme nécessairement un tout coordonné. La constitution politique assure l'unité, la durée et la force de cet ensemble.
Bien que de nature diverse, les institutions sociales d'un Etat font corps entre elles et avec la constitution politique. La distinction, que l'on établit entre elles pour les mieux étudier, ne doit jamais aboutir à un isolement. Une séparation complète, même dans l'ordre intellectuel, équivaudrait à une amputation. Un membre séparé du corps auquel il appartient a perdu le meilleur de sa réalité, la vie. On ne comprend une institution, que si elle occupe sa place et remplit sa fonction dans le corps politique dont elle fait partie intégrante. Ce qui suppose la connaissance de ce corps politique.
En d'autres termes, l'étude des institutions sociales et de leur fonctionnement dans un État déterminé ne peut aller sans l'étude de sa constitution politique. Tout se tient dans la société. Le lien qui assure l'unité de ce tout est fait par la vie. Ce qu'on lui arrache cesse d'être une réalité vivante. Or tout doit vivre dans l'étude d'une société comme dans la société elle même.
Les institutions sociales et la constitution politique d'un État doivent correspondre exactement à ce qu'est dans la réalité le fonctionnement économique des éléments vivants dont il se compose. Leur formule doit être pour l'intelligence un miroir où se reflète cette même réalité.

Structure du Corps social


La Nation


La Nation a deux éléments constitutifs :

La Famille, qui lui fournit ses citoyens, et l'Atelier, qui assure leur existence. Nous avons entre, l'une et l'autre la Propriété, fruit du travail, qui garantit le présent et la durée de la Famille.

La Commune est le groupement géographique et ethnographique des Familles en un lieu déterminé. Les Ateliers se forment sur le territoire d'une ou plusieurs Communes en Corps d'état. Les Communes entrent dans un groupement géographique et ethnographique plus étendu, qui est la Province. Les Provinces entrent dans la Cité ou État. L'État aboutit au Souverain, qui est le couronnement de l'édifice social et le moyen nécessaire de son unité.
Voilà la structure naturelle du Corps social.

La Famille


La Famille est au corps social ce que la cellule est au corps vivant, son premier élément constitutif. De sa santé physique et morale dépendent la paix et le bien être de la Cité. Elle est une société perpétuelle, composée des père et mère, des enfants et du foyer qui les abrite.
Le lien conjugal, qui en consacre l'origine, est indissoluble. La fidélité aux prescriptions de la morale chrétienne est sa sauvegarde.
Elle est la base du système représentatif. Son représentant naturel est son chef, c'est à dire le père ou, à son défaut, la mère.
L'éducation des enfants appartient de droit au chef de la Famille. Il se décharge de leur instruction sur les maîtres de son choix, en gardant le droit de contrôler leur enseignement.
Le foyer, comme la Famille dont il est un élément constitutif, a besoin de stabilité et de sécurité '. Le travail de son chef et de ses membres lui assure ce double avantage, avec le concours des institutions sociales.
La Famille, telle qu'elle vient d'être décrite, a droit à la protection de la Commune et de la Corporation.


L'Atelier


Dieu impose à l'homme l'obligation de travailler. L'homme pourvoit à sa propre subsistance et à celle de sa famille, en se conformant à cette loi. C'est par les fruits de son travail qu'il assure la stabilité de son foyer. C'est par son travail que l'homme est pratiquement lié à la société et qu'il participe à sa vie. Dans ce sens, tout travail est une fonction sociale, un service qui a sa rémunération dans un juste salaire.

L'Atelier est le lieu où l'homme accomplit son travail. A la campagne, l'atelier agricole et l'atelier de métier ont généralement un caractère familial; ils sont abrites par le même toit que le foyer. S'il perd ce caractère dans les agglomérations, ses liens avec la Famille ne sont pas rompus, puisque la Famille subsiste du labeur, dont il est le théâtre, et ses réserves d'avenir dépendent de sa prospérité.
Les gens qui exercent la même profession à un titre quelconque dans un lieu déterminé, constituent de fait un Corps d'état. Le Corps d'état est la base de l'organisation professionnelle.
L'organisation coopérative du travail assure la perpétuité de l'Atelier, la sécurité et la stabilité des conditions ; elle est favorable au règne de la paix et à la prospérité générale ; elle est nécessaire au plein exercice des devoirs réciproques du patron et de l'ouvrier.
L'organisation corporative se réalise au moyen des Syndicats et des Corporations.
Les ouvriers exerçant le même métier dans un ou plusieurs ateliers ont la liberté de former une association, chargée de la défense de leurs intérêts professionnels : c'est le Syndicat. Les patrons jouissent de la même liberté.
Les droits propres de l'ouvrier sont garantis par les statuts de l'association professionnelle.
Les Syndicats d'ouvriers et les Syndicats de patrons d'un même métier peuvent se constituer en Corporation ; ils y sont représentés par leurs délégués. Si les patrons ne sont pas assez nombreux pour se former en Syndicat, ils entrent personnellement dans la Corporation. La Corporation est chargée des intérêts de l'atelier, c'est à dire des intérêts professionnels communs aux ouvriers et aux patrons.
La Corporation peut constituer, en raison de la prospérité de l'industrie, un patrimoine corporatif indivisible et inaliénable; délivrer un brevet de capacité professionnelle aux agents de la production, ingénieurs et ouvriers; trancher les conflits relatifs au droit de travail; organiser et contrôler l'enseignement professionnel ; assister les membres en cas de maladie, d'accident, de chômage; assurer les retraites ouvrières et pourvoir aux nécessités diverses qui peuvent surgir.
La Corporation est dirigée par le conseil corporatif, composé , des délégués des syndicats. Les coutumes qui s'établiront par l'expérience au sein des Corporations fourniront avec le temps les éléments d'un code du travail.

La Commune, le Canton, l’Arrondissement

Les Familles et les Ateliers d'un lieu déterminé forment la Commune. La Commune est administrée par un conseil, élu par les chefs de Famille. Ce conseil suffit, à tous les besoins des communes rurales. Dans les centres populeux... on adjoindra au conseil communal les délégués des Corporations.
La Commune peut posséder les édifices nécessaires aux divers services publics : administration communale, enseignement, assistance, etc., et se constituer une propriété dont les revenus seront affectés à ces mêmes services. Ces biens seront administrés soit par le conseil communal, soit par des conseils spéciaux, d'après le droit propre à chaque institution.
Les Communes sont groupées en cantons ou arrondissements, correspondant aux anciens “pays, pagi ”. Ces groupements, motivés par les nécessités de l'administration publique, faciliteront dans les campagnes l'organisation corporative et la fondation des établissements destinés à l'enseignement et à l'assistance.

La Province

La France est constituée par la réunion de ses Provinces. [de nos jours, par un regroupement administratif et par trop souvent illusoire : de ses Régions]
La Province se compose des Communes et des Corps professionnels existant sur son territoire. Elle fournit son premier cadre à la représentation des droits et des intérêts.
La Province est administrée, conformément aux lois de l'État et à son droit particulier ou coutume, par un Gouverneur, assisté d'un Conseil provincial permanent et des États de la province, convoqués à des époques déterminées.
Les États de la Province sont formés par la réunion des Chambres provinciales. On a dans ces Chambres la représentation provinciale des droits et des intérêts. Elles correspondent aux grands Corps professionnels et elles sont composées de leurs délégués. Ce sont : la Chambre des professions agricoles, la Chambre des professions industrielles et commerciales, la Chambre des professions libérales.
Le Conseil permanent est fourni par les États (la province). Le Gouverneur est choisi par le Souverain dans ces mêmes États.
Les Chambres administrent les intérêts de la Province.

Le Roi

L'ensemble des Provinces constitue la Nation. Elle est gouvernée par le Roi, assisté de ses Conseils et Cours souveraines: Conseil de gouvernement, Conseil d'État Haute Cour de justice et Cour des comptes. Le Roi est désigné conformément à la Loi salique. Les membres du Conseil de gouvernement sont directement choisis parle Souverain. Ceux des Cours souveraines sont choisis par lui sur la présentation de chaque Cour.
Le Roi recourt au Conseil de gouvernement pour éclairer ses décisions.
Le Roi est chef de l'Armée. Les relations extérieures ne relèvent que de lui et les ambassadeurs parlent et agissent en son nom. Le pouvoir législatif lui appartient ; il l'exerce en son Conseil d'État, chargé de préparer les lois conformément aux cahiers des États généraux, avant de les soumettre au consentement de ces mêmes États Ce Conseil promulgue les règlements nécessaires à l'application de ces lois, quand elles sont consenties, et juge des incidents contentieux, qui naissent de cette application.
Le Roi exerce le pouvoir administratif par ses ministres.
La charge de la Justice fait partie intégrante de la souveraineté ; le Roi l'exerce dans sa Haute Cour de Justice, à laquelle reviennent les appels au Roi et les cas qui intéressent les lois fondamentales du royaume. La Cour des comptes prépare les budgets ordinaires et contrôle l'emploi des deniers publics
Le Peuple est représenté auprès du Souverain par les États généraux, chargés de lui présenter ses désirs et ses besoins et de consentir les lois nouvelles. Les États généraux sont une émanation des États de la Province. Les impôts extraordinaires sont consentis par les délégués des contribuables.

L’Église

L’Église catholique a la pleine liberté de s'établir, de s'administrer et de se gouverner conformément à son droit. Le Pape notifie au Roi la nomination des évêques ; et les évêques, aux gouverneurs celle des curés.

L’Église peut posséder les édifices nécessaires à l'exercice du culte, aux besoins de son clergé et des couvres dont il s'occupe, ainsi que les ressources nécessaires au culte et à l'entretien de ses ministres. Les communes et les provinces ont la liberté de contribuer aux frais du culte et de l'entretien du clergé. Les Familles et les Corporations peuvent leur confier la direction des établissements d'instruction et d'assistance qu'elles fondent.


L'Armée

L'Armée est une armée de métier, dont l'importance sera déterminée par le Souverain, en raison des nécessités de la défense nationale.


La Justice

La Justice est administrée au nom du Roi dans les justices de paix, les tribunaux d'arrondissement, les Cours provinciales et la Cour de cassation. Les magistrats sont institués par le Souverain sur la présentation des Cours.


L'Enseignement

L'Enseignement de culture générale est à la charge des Familles et l'Enseignement professionnel à la charge des Corporations et des Corps professionnels. Les Familles, les Corps professionnels peuvent fonder des établissements d'instruction et des écoles pratiques dans la commune, le canton, l'arrondissement, la province. Ces établissements se rattachent à une Faculté d'enseignement supérieur correspondant qui a son siège au chef lieu de la Province. La réunion de ces Facultés forme l'Université provinciale. L'Université, les Facultés et tous les établissements d'instruction peuvent posséder leurs immeubles et des biens, dont le revenu sera affecté à la rémunération des maîtres, à la création de bourses pour les élèves et à ce qui paraîtra de nature à favoriser le progrès des études. Les maîtres auront besoin d'un brevet de capacité professionnelle, qui leur sera délivré par la Faculté correspondant à leur enseignement. L'Enseignement sera sous le contrôle d'inspecteurs délégués par l'Université provinciale et la surveillance d'un conseil choisi par les Familles intéressées ou par les Corporations.

La Presse

La Presse remplit une fonction sociale et politique. On ne peut l'abandonner aux premiers venus. Elle est soumise au régime corporatif. Ses membres devront fournir les garanties nécessaires d'honorabilité et de capacité professionnelles. Les délits commis par eux dans l'exercice de leur fonction relèveront du droit commun et la peine sera proportionnée au tirage du périodique dans lequel ils les auront commis.

* Né en Corrèze le 29 octobre 1861 dans un milieu modeste, Dom Jean-Martial Besse fut un brillant élève du séminaire de Servières, il entra en 1881 à Solesmes, dans une communauté disséminée parmi les maisons du bourg, et fit profession le 11 juillet 1883… Après des études de théologie écourtées par une mauvaise santé, il fut envoyé en 1885 à Ligugé, ordonné prêtre le 19 juin 1887, nommé l'année précédente zélateur (sous-maître) du noviciat, puis maître des novices en 1890 puis sous-prieur pour enfin devenir Supérieur de Ligugé en 1893. Fondateur de la Revue Mabillon, contemporaine de la loi de Séparation des Églises et de l'Etat, n'a cessé tout au long d'une vie très active de mener de front un combat historique et érudit au service de la restauration et de la reconnaissance des traditions historiques les plus anciennes de la France monastique et une propagande militante en faveur d'une restauration de la France monarchique. Selon le témoignage de Jean de Fabrègues, il fut "l'un des hommes qui feront le plus pour l'implantation de l'Action française dans le monde catholique". Les articles qu'il y donne sous le pseudonyme de Jehan, comme son enseignement dans la chaire du Syllabus, chaire de politique chrétienne créée par l'Institut d'Action française, s'expliquent par sa certitude que la lutte politique est le chemin nécessaire pour obtenir la restauration de la France chrétienne. Quels que soient les obstacles et les difficultés, toute sa vie est commandée par ce but où religion et patriotisme s'unissent : œuvrer au retour d'une France chrétienne. Il mourut à Namur le 26 juillet 1920, âgé seulement de 59 ans.