samedi 27 janvier 2007

Catholique et Français "toujours" ?

Fin connaisseur de la réalité catholique en France, le jésuite Henri Madelin, ancien rédacteur en chef de la revue Études, membre de l'Office catholique pour l'information et l'initiative sur les problèmes européens (OCIPE), commente les résultats du sondage publié hier par Le Monde des Religions… Au vu des chiffres, les Français ne sont plus que 51 % à se déclarer catholiques… nous pourrions dire que la France n’est plus catholique. Cependant, je me souviens de cette phrase de Sartre, après la guerre, affirmant que « nous sommes tous catholiques ». Elle nous permet de sortir de l'ambiguïté de ce sondage. Parle-t-on d'une appartenance culturelle - alors la France est encore majoritairement catholique - ou d'une adhésion croyante à la foi ? Dans ce dernier cas, les chiffres sont inquiétants. Ils expriment une vraie dégringolade et la formule de Sartre devient moins évidente. La sociologue Danièle Hervieu-Léger parle d'une «exculturation» des valeurs de l'Église : les grands repères de la vie sont traversés par une pluralité d'approches culturelles. Nous le constatons par exemple avec l'homoparentalité ou la question du genre masculin et féminin. Toutes les valeurs qui ont porté la France, qui dépassaient l'appartenance religieuse et que la société entière s'était appropriée, sont aujourd'hui attaquées. Si nous continuons sur ce chemin, la foi catholique pratiquée va devenir une contre-culture et, sans doute, si l'on considère les catholiques qui mettent en pratique leur foi, peut-on parler d'une culture de minorité ? Cela me peine pour l'Europe et pour le catholicisme. Le nombre d'enfants catéchisés est tombé à un niveau très bas en France. Ce point, absent du sondage et sur lequel l'Église jette un voile pudique, est pourtant crucial. Il explique pourquoi, alors que nous en sommes à la deuxième génération non catéchisée, les catholiques français n'adhèrent pas aux dogmes. Ils ne les connaissent tout simplement plus ! Comme l'affirme la sociologue britannique Grace Davie, les catholiques européens sont désormais dans une logique de « believing without belonging », de croyance sans volonté d'appartenance. Quand à la bonne opinion de Benoît XVI qui ressort du sondage, elle est caractéristique des « catholiques culturels ». Le Pape défend des valeurs en lesquelles ils croient : humanitaires, humanistes... Il récolte aussi les fruits de la papauté précédente. Mais dans un monde menacé de choc civilisationnel, Benoît XVI est aussi considéré comme un rempart contre des forces comme l'islam.
Pourtant, Dieu accomplit de grandes choses chez ceux qui sont ouverts à sa grâce. Il répand la semence dans un terrain stérile et le convertit en un champ mûr pour la moisson. Il sème la plus petite des grâces dans la poussière et là surgit un arbrisseau dans lequel viennent se nicher les oiseaux du ciel. Nous voudrions souvent porter du fruit sans avoir à peiner pour labourer la terre, ni à aider la croissance par des efforts et des sacrifices constants. Nous en voyons d’autres qui semblent obtenir facilement le succès dans la vie spirituelle. « Le véritable amour comprend le sacrifice, » a dit le Pape Jean Paul II aux jeunes Américains lors de son premier voyage dans leur pays. « Je faillirais à ma mission si je ne vous le disais pas. » Dieu a permis à la Bienheureuse Mère Teresa de Calcutta de vivre une nuit spirituelle intense, les dernières cinquante années de sa vie. Elle pensait que Dieu ne l’aimait pas, que son travail était inutile. Et pourtant, comme elle a su allumer les feux de l’amour dans tant d’âmes ! L’Eglise nous invite maintenant à regarder la véritable sainteté de sa vie. Durant le cours de sa vie, beaucoup ont pensé que c’était facile pour elle de se dévouer ainsi, parce qu’elle aimait tellement Dieu. Or, ce n’était pas facile. Dieu n’a pas rendu son œuvre facile. Il a trouvé un terrain fertile et il a travaillé dans ce terrain. Et il a donné beaucoup de fruit. Ayons confiance. Dieu poursuit son œuvre dans nos âmes. Le travail pénible et patient que nous faisons chaque jour pour orienter nôtre cœur vers Dieu et semer la Bonne Nouvelle autour de nous produira des fruits.
Ceci nous amène à considérer combien la grâce de Dieu est merveilleusement fructueuse. Elle change et transforme ce que l’homme considère comme rebuts en des œuvres magnifiques, bien au-delà de ce que la nature peut produire. Encore aujourd’hui, Dieu accomplit des choses qui dépassent de loin le passage de la Mer Rouge, en ramenant des pécheurs à la vie par le sacrement de réconciliation. La venue de Dieu sur le mont Sinaï pour donner la loi à Moïse est dépassée de loin, par sa venue dans les mains du prêtre à la Messe et dans le cœur de chacun à la communion. Malheureusement, nous oublions parfois ses merveilles, pour retourner à notre petit monde, désirant des signes plus évidents de sa présence. Peut-il y avoir quelque chose de plus grand que sa Présence Réelle dans le Saint Sacrement ?
Le Christ se rend présent parmi nous de plusieurs façons. Il continue d’être présent par le ministère sacerdotal d’une manière unique et réelle. C’est seulement parce qu’il y a des prêtres que nous pouvons recevoir l’Eucharistie. Sans la prêtrise, il n’y a pas d’Eglise. Dieu prend le limon de la nature humaine et la petitesse d’un individu, et, par l’ordination, il le rend capable d’agir en sa Personne. Ainsi, le prêtre a reçu le don sublime qui le fait participer du sacerdoce du Christ. Il partage sa dignité et transporte en lui, dans ses mains d’argile, un trésor. Le sacerdoce est le don du Christ à l’Eglise. C’est le signe de son inépuisable amour pour l’Eglise et pour les hommes. Prions donc comme hier : "Seigneur, donnez nous des prêtres... Seigneur donnez nous de saints prêtres... pour que Votre Volonté soit faîte sur terre comme aux Cieux"

Aucun commentaire: