Si nous voulons être lucides dans notre pensée, crédibles dans nos propos et assurés dans notre démarche, il nous faut nous souvenir des plus néfastes des sensibilités et des conceptions du royalisme avant de bâtir sur le roc de la saine tradition. Celle-ci ne s’est jamais inscrite dans une rupture avec le monde et ses réalités. Pragmatique, tout en se gardant des accommodements opportunistes du droit, elle ne s’est pas non plus érigée en dogme intangible. Elle a su évoluer avec vigueur, sagesse et harmonie, à distance des modes éphémères et des doctrines de la démesure.
Pouvons-nous nous complaire dans un royalisme anachronique et empreint de nostalgie, préoccupé de noblesse factice ou authentique, de titres et de privilèges héréditaires, d’un ordre social ayant perdu fondement et utilité ? Les Français ont raisonnablement aboli cet ordre et ne souhaitent très certainement pas qu’on le restaure. Rêver à son rétablissement donnerait une image bien frivole et dérisoire du royalisme. Les meilleurs de nos rois ont été les nécessaires et utiles adversaires des superbes et des trop puissants. Quand il en était besoin, ils savaient rappeler les nobles à leur mission primitive de service et faire barrage à la vanité, à la fatuité et à l’ambition égoïste de trop d’entre eux.
Pouvons-nous être les adeptes d’un royalisme un peu mystique, baignant dans un imaginaire chrétien hérité d’un autre âge, où le prince, censé détenir et exercer une fonction sacerdotale, serait perçu comme étrange et inquiétant par nos contemporains, au risque de les rebuter? On entend parfois ce royalisme professer un curieux " principe de catholicité " auquel il aimerait voir adhérer le prétendant, son héritier ou tel substitut à sa convenance, et dont, par hypothèse, il voudrait faire une règle de gouvernement et pas seulement une question de choix privé. Qui peut croire qu’une telle conception siérait à la France d’aujourd’hui et la servirait vraiment en marginalisant nombre d’honorables citoyens?
Pouvons-nous rejoindre ce singulier royalisme qui se réclame d’une " monarchie traditionnelle " ? Cette dénomination signifie qu’il confond son espérance avec une idéologie extrémiste, totalitaire, intolérante et prônant l’exclusion, idéologie fréquemment associée à une religiosité figée dans le passé, cela au nom d’une pureté originelle mythique. Ce royalisme conduirait immanquablement à distordre et à dévoyer les valeurs spirituelles et nationales qu’il prétend défendre.
Pouvons-nous nous laisser séduire par le royalisme dit "légitimiste"? Ses pseudo-justifications historiques et juridiques ne sont qu’un artifice recouvrant une réalité dont on finira bien par discerner la vraie nature et les véritables enjeux et desseins. En s’inscrivant dans une coutume séculaire de contestation du seul authentique prince légitime de France, ce royalisme est allé chercher son champion outre Pyrénées, dans une lignée d’origine française. Depuis bientôt trois siècles, cette lignée a constamment servi et continue de servir un autre pays et elle ne se soucia guère du sort de Louis XVI et pas du tout de celui du malheureux petit Louis XVII quand elle l’aurait pu. Nos régimes successifs, dont notre République, ont toujours considéré cette lignée comme étrangère, ne la frappant notamment par aucune loi d’exil qui lui aurait imposé et lui imposerait encore de résider hors de nos frontières. En une thèse spécieuse, ce royalisme-là étaie néanmoins son interprétation du droit dynastique de la nullité supposée des renonciations consenties en 1713 par le roi Philippe V d’Espagne, lors des traités d’Utrecht, et du titre d’" Aîné des Bourbons " qu’il décerne à son prince actuel. En vertu de ce " droit ", il suffirait donc à ce prince, sans autre obligation nationale élémentaire, d’être le premier parmi les descendants de Louis XIV pour que, le cas échéant, notre pays soit contraint de l’accepter à sa tête…
Si la question royale devenait réellement un jour leur préoccupation ardente et urgente, les Français n’accepteraient probablement pas qu’on les humilie ainsi indéfiniment !
Quel qu’en puisse être le degré de lucidité et de sincérité, aucune de ces expressions du royalisme ne paraît vraiment en rapport avec le réel. Aucune ne répond aux difficultés présentes de la France, à ses besoins et à ses attentes. Aucune n’est compatible avec le legs prestigieux et exemplaire de son histoire.
Mais il existe un royalisme vivant, un " royalisme de raison ", capable de faire redécouvrir aux Français ce qui fut le révélateur et le stimulant de la grandeur de leur nation comblée de dons et généreuse. Ce royalisme est fondé sur ce qui a fait la force du principe capétien, plongeant les racines de sa légitimité dans l’assentiment populaire et y puisant la justification et le soutien de sa détermination. Ce principe est animé par la clairvoyance et le sens inné de l’État que donne le recul du temps. Il se montre garant du bien commun, voué au service de tous, soucieux de juste équilibre, pourfendeur de féodalités, enfin et surtout symbole de justice. C’est à ce principe-là qu’il convient de demeurer attachés. Il est aujourd’hui incarné par Henri VII, comte de Paris, duc de France, et par nul autre. Sa lignée a été reconnue par Henri V, comte de Chambord, dernier représentant français de la branche aînée des Bourbons et elle n’a jamais servi d’autre pays que le nôtre, lui offrant son sang quand il le fallait. Après le prince Henri, viendra Jean, duc de Vendôme, investi de la dignité de Dauphin. L’un et l’autre sont les authentiques et incontestables dépositaires et répondants de notre tradition royale. Ils sont les vrais représentants de notre dynastie nationale. Vers eux seuls doit aller l’indéfectible fidélité des royalistes ainsi que la déférence des Français éclairés, donc respectueux et fiers du passé de leur terre ancestrale ou d’adoption.
Pouvons-nous nous complaire dans un royalisme anachronique et empreint de nostalgie, préoccupé de noblesse factice ou authentique, de titres et de privilèges héréditaires, d’un ordre social ayant perdu fondement et utilité ? Les Français ont raisonnablement aboli cet ordre et ne souhaitent très certainement pas qu’on le restaure. Rêver à son rétablissement donnerait une image bien frivole et dérisoire du royalisme. Les meilleurs de nos rois ont été les nécessaires et utiles adversaires des superbes et des trop puissants. Quand il en était besoin, ils savaient rappeler les nobles à leur mission primitive de service et faire barrage à la vanité, à la fatuité et à l’ambition égoïste de trop d’entre eux.
Pouvons-nous être les adeptes d’un royalisme un peu mystique, baignant dans un imaginaire chrétien hérité d’un autre âge, où le prince, censé détenir et exercer une fonction sacerdotale, serait perçu comme étrange et inquiétant par nos contemporains, au risque de les rebuter? On entend parfois ce royalisme professer un curieux " principe de catholicité " auquel il aimerait voir adhérer le prétendant, son héritier ou tel substitut à sa convenance, et dont, par hypothèse, il voudrait faire une règle de gouvernement et pas seulement une question de choix privé. Qui peut croire qu’une telle conception siérait à la France d’aujourd’hui et la servirait vraiment en marginalisant nombre d’honorables citoyens?
Pouvons-nous rejoindre ce singulier royalisme qui se réclame d’une " monarchie traditionnelle " ? Cette dénomination signifie qu’il confond son espérance avec une idéologie extrémiste, totalitaire, intolérante et prônant l’exclusion, idéologie fréquemment associée à une religiosité figée dans le passé, cela au nom d’une pureté originelle mythique. Ce royalisme conduirait immanquablement à distordre et à dévoyer les valeurs spirituelles et nationales qu’il prétend défendre.
Pouvons-nous nous laisser séduire par le royalisme dit "légitimiste"? Ses pseudo-justifications historiques et juridiques ne sont qu’un artifice recouvrant une réalité dont on finira bien par discerner la vraie nature et les véritables enjeux et desseins. En s’inscrivant dans une coutume séculaire de contestation du seul authentique prince légitime de France, ce royalisme est allé chercher son champion outre Pyrénées, dans une lignée d’origine française. Depuis bientôt trois siècles, cette lignée a constamment servi et continue de servir un autre pays et elle ne se soucia guère du sort de Louis XVI et pas du tout de celui du malheureux petit Louis XVII quand elle l’aurait pu. Nos régimes successifs, dont notre République, ont toujours considéré cette lignée comme étrangère, ne la frappant notamment par aucune loi d’exil qui lui aurait imposé et lui imposerait encore de résider hors de nos frontières. En une thèse spécieuse, ce royalisme-là étaie néanmoins son interprétation du droit dynastique de la nullité supposée des renonciations consenties en 1713 par le roi Philippe V d’Espagne, lors des traités d’Utrecht, et du titre d’" Aîné des Bourbons " qu’il décerne à son prince actuel. En vertu de ce " droit ", il suffirait donc à ce prince, sans autre obligation nationale élémentaire, d’être le premier parmi les descendants de Louis XIV pour que, le cas échéant, notre pays soit contraint de l’accepter à sa tête…
Si la question royale devenait réellement un jour leur préoccupation ardente et urgente, les Français n’accepteraient probablement pas qu’on les humilie ainsi indéfiniment !
Quel qu’en puisse être le degré de lucidité et de sincérité, aucune de ces expressions du royalisme ne paraît vraiment en rapport avec le réel. Aucune ne répond aux difficultés présentes de la France, à ses besoins et à ses attentes. Aucune n’est compatible avec le legs prestigieux et exemplaire de son histoire.
Mais il existe un royalisme vivant, un " royalisme de raison ", capable de faire redécouvrir aux Français ce qui fut le révélateur et le stimulant de la grandeur de leur nation comblée de dons et généreuse. Ce royalisme est fondé sur ce qui a fait la force du principe capétien, plongeant les racines de sa légitimité dans l’assentiment populaire et y puisant la justification et le soutien de sa détermination. Ce principe est animé par la clairvoyance et le sens inné de l’État que donne le recul du temps. Il se montre garant du bien commun, voué au service de tous, soucieux de juste équilibre, pourfendeur de féodalités, enfin et surtout symbole de justice. C’est à ce principe-là qu’il convient de demeurer attachés. Il est aujourd’hui incarné par Henri VII, comte de Paris, duc de France, et par nul autre. Sa lignée a été reconnue par Henri V, comte de Chambord, dernier représentant français de la branche aînée des Bourbons et elle n’a jamais servi d’autre pays que le nôtre, lui offrant son sang quand il le fallait. Après le prince Henri, viendra Jean, duc de Vendôme, investi de la dignité de Dauphin. L’un et l’autre sont les authentiques et incontestables dépositaires et répondants de notre tradition royale. Ils sont les vrais représentants de notre dynastie nationale. Vers eux seuls doit aller l’indéfectible fidélité des royalistes ainsi que la déférence des Français éclairés, donc respectueux et fiers du passé de leur terre ancestrale ou d’adoption.
Docteur Gabriel Martinez-Vidal
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