Patrice de Plunkett dans son ouvrage Benoît XVI et le plan de Dieu nous expose la vision à la fois politique et sociale que porte le souverain pontife sur le rôle de l’Europe dans le monde et les égarements de l’actuel projet de société de l’Union Européenne. « L’Eglise catholique ouvre les bras au monde : elle pense lui apporter quelque chose d’unique et d’essentiel. L’Europe officielle n’est pas de cet avis. Elle enterre les papes en grande cérémonie : mais à chaque débat du Parlement européen, la philosophie de l’Union contredit un peu plus celle des chrétiens – et la pression se renforce contre la présence du christianisme sur la scène publique de l’Europe, voire dans son patrimoine culturel. Strasbourg et Bruxelles ont même décidé d’effacer toute l’Histoire en niant que l’Europe ait des racines chrétiennes. Devant cette volonté d’amnésie qui rend incompréhensible vingt siècles d’histoire et de culture(s), le pape proteste. Mais en vain. Ce que dit l’Eglise a aussi peu d’importance, pour la classe dirigeante européenne, qu’une allocation du dalaï-lama. Ce n’était pas le cas il y a cinquante ans. Dans l’esprit des pères fondateurs de la construction européenne, rappelle Joseph Ratzinger, « l’héritage commun culturel, moral et religieux – de l’Europe devait façonner la conscience des nations et, par cette identité commune de tous les peuples européens, dégager, ouvrir une voie commune vers l’avenir. On était à la recherche d’une identité européenne, qui ne devait pas dissoudre ou nier les identités nationales, mais les unir, sur un plan identitaire supérieur, en une communauté unique de peuples. Il fallait donner toute sa valeur à l’histoire commune comme à une puissance créatrice de paix… Il ne fait aucun doute que l’héritage chrétien était considéré, par les pères fondateurs de l’unification européenne, comme le noyau de cette identité historique – avec évidemment, différentes formes confessionnelles ; ce qui était commun à tous les chrétiens semblait, de toute façon, reconnaissable comme forme unifiante de l’action dans le monde ». Que s’est-il passé ? Comment ce qui paraissait souhaitable aux pères fondateurs de l’Europe est-il déclaré aujourd’hui détestable par leurs lointains successeurs : les eurodéputés de droite et de gauche ? Depuis 1950 l’Eglise n’a pas varié dans son message et son identité. C’est la construction européenne qui a changé de nature. On cherche pourquoi et on aboutit à l’économique… Le projet européen, orienté de façon unilatérale vers l’économie et elle seule, a fabriqué « une sorte de nouveau système de valeurs » - explique le cardinal Ratzinger. Un continent qui ne veut plus d’autre identité que l’économie ne peut admettre qu’il y a un passé, et que sans un appel aux forces spirituelles on ne construit pas l’avenir. Le projet efface donc l’origine chrétienne commune : cet œcuménisme (au sens vrai et fort du mot) qui aurait pu lui donner une âme. Quant au « nouveau système de valeurs » il reste vide jusqu’aux années 2000 – à partir desquelles il prend une coloration particulière. Nous avons vu comment le matérialisme mercantile promeut les nouvelles mœurs, et pourquoi celles-ci se veulent hostiles au Vatican. Puisqu’elles marchent de pair avec le tout économique, leur lobbying n’a aucun mal à investir Bruxelles et Strasbourg. On mesure l’étendue de leur victoire – et ses conséquences antireligieuses – à la fin de l’année 2004, lors de la retentissante affaire du rejet du commissaire Buttiglione (1). Désormais c’est officiel : on est un mauvais Européen si l’on a la même morale que le pape. Ce n’est pas un débat mais une question tranchée :la confrontation entre les deux philosophies de l’existence n’aura pas lieu. L’une des deux est déclarée infréquentable, et priée de se taire. » Extrait de l’ouvrage de Patrice de Plunkett - Benoît XVI et le Plan de Dieu - Presse de la Renaissance. (1) En novembre 2004, le ministre chrétien-démocrate italien Rocco Buttiglione est appelé à faire partie de la nouvelle Commission européenne : mais il avoue – lors de son audition au Parlement de Strasbourg – avoir le même avis que l’Eglise catholique sur les pratiques homosexuelles. Les députés déclenchent alors un immense scandale et menacent la Commission d’une crise institutionnelle. Buttiglione finit par présenter sa démission.
jeudi 1 février 2007
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