lundi 2 avril 2007

Aimer la France

Le 13/03/07, par Laurent Dandrieu, Rédacteur en chef adjoint Culture Valeurs actuelles Présidentielle
On attendait un bilan politique, on a eu une déclaration passionnée d’amour de la France et des Français. A écouter les adieux de Jacques Chirac, dimanche soir, on ne pouvait s’empêcher de penser à la phrase de Pierre Reverdy : « Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour. » L’amour de la France est une fleur délicate et éphémère, qui s’épanouit par centaines en période électorale, pour connaître dans les mois et les années qui suivent une irrémédiable et désolante éclipse. Car les preuves d’amour, il faut bien dire qu’on les attend, de quelque bord qu’elles viennent, comme la jeune ingénue attend le retour du beau parleur frivole et parjure qui l’a séduite avec des paroles d’éternité, pour ne plus jamais revenir. Où est l’amour de la France quand on lui refuse les moyens d’être elle-même, de protéger son visage et sa population ? Où est l’amour de la France, quand on célèbre la quête d’identité de la moindre peuplade d’Asie centrale et qu’on culpabilise les Français dès qu’ils tentent de faire valoir leur culture, leurs valeurs, leur histoire ? Où est l’amour de la France, quand on refuse de lui donner les moyens de la puissance, pour la fondre toujours plus dans des ensembles supranationaux où sa voix se perd chaque jour davantage ? Où est l’amour de la France, quand la défense du bien commun est abandonnée au profit d’une accumulation de politiques catégorielles, qui interdit aux Français de se penser comme un peuple solidaire, doté d’une communauté de destin ? « Aime et fais ce que tu veux », disait saint Augustin. Il semble, s’ils connaissent cette maxime, que nos politiques l’aient comprise de travers.
“Aujourd’hui, en France, la division droite-gauche répond à des valeurs et non à une différence de gestion comme on veut le faire croire. Les valeurs, dites, de gauche, imprègnent le fondement même de la république, piégeant, de facto, la droite”.
Contact :
jeunes@allianceroyale.fr - Gabriel Thibout - Alliance Royale Jeunes - Contact
Commentaires par patrice, le 13/03/07 à 14:58
Monsieur le Président de la République, je ne vous dis pas merci.Vous écrivez, Laurent, qu'"à écouter les adieux de Jacques Chirac, dimanche soir, on ne pouvait s’empêcher de penser à la phrase de Pierre Reverdy : “Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour”"
Il est surprenant de relever les louanges dont fait l'objet le Président de la République, depuis ces adieux qui n'émeuvent que lui, alors que son bilan est loin de faire l'unanimité. Les Français, surtout les plus pauvres, auront payé un lourd tribut au chiraquisme, et la dette publique ne va pas tarder à le leur rappeler. J. CHIRAC a réussi ce tour de force de faire passer l'impuissance de l'Etat français pour une géniale stratégie. Incapable d'arbitrer entre des intérêts contradictoires, Jacques CHIRAC s'est ingénié à les satisfaire tous, son seul souci étant de ne pas déplaire pour durer, son seul repère étant la réaction de la rue, de l'opinion et des sondages.
Cette démarche clientéliste fut celle qu'il adopta en qualité de Maire de Paris, transformant la ville en fief du chiraquisme. Le résultat, à Paris, c'est un urbanisme mal maîtrisé, un plan de circulation inefficace, une ségrégation sociale par arrondissement et une pénurie de logements, dont les Parisiens se sont aperçus une décennie après son départ de l'Hôtel de Ville. Quel sort nous réserve dans dix ans la sinistre dette publique que nous laisse en héritage l'impuissance publique patiemment entretenue par l'indulgence coupable du chiraquisme ?Il faut toujours se garder des élites qui prétendent racheter leur inertie par un prétendu avant-gardisme esthétique. On finit toujours par récolter et Beaubourg (un musée qui ne doit ses entrées records qu'à l'accès gratuit à la Bibliothèque du Centre, sans qu'il soit possible du reste de vérifier, dans cette Bibliothèque, qui lit, qui étudie, qui se donne rendez-vous ou qui se tient au chaud) et les listes d'inscriptions à l'ANPE.
Gouverner, c'est choisir. Nul doute que J. CHIRAC ait fait son choix. Celui de plaire à court terme aux Français, au risque de leur déplaire à long terme, quand nous ne serons pas tous mort, mais quand lui le sera sans doute.
Cordialement à tous.

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